Приложение к Разысканиям в области исторической морфологии сказки.

Серия работ с общим расширением «Разыскания в области исторической морфологии сказки» не может считаться законченной, поскольку мы не исчерпали всех возможных наблюдений над сказками, которые лишь условно можно объединить под общим названием «Красная Шапочка». Тем более, что в этой группе явлений мирового фольклора оказываются нарративы разного типа, разной структуры и происхождения. Каждая из этих сказок имеет свою историю и свое историческое окружение. Чем больше мы вникаем в эту тему, тем больше возникает деталей, которые из второстепенных превращаются в первостепенные, с точки зрения вопросов исторических связей и классификации. Так что данное Приложение является скорее поводом когда-нибудь в будущем вернуться к написанному и, возможно, пересмотреть некоторые положения. Чтобы продолжить начатое, его необходимо как-то закончить.

П.Белков

3.05.2020

 

DICTIONNAIRE DU PATOIS FORÉZIEN PAR L.-PIERRE GRAS. LYON, 1863, P.205-209.

La piteta et le loup

(Conte en patois d’Usson)

Traduction

Il y avait une fois une petite fille qui allait voir sa grand’mére. Elle avait un petit panier oú on lui avait mis une petit molette de beurre et des petits fromages. Quand elle fut en chemin, elle rencontra le loup qui lui dit: oú vas-tu, petite?

“Je vais voir ma grand’mére.

“Que lui portes-tu, petite?

“Du beurre et de fromages.

“Par quel chemin veux-tu passer? Par celui des petites pierres ou par celui des épingles?

“Par celui des épingles, pour lui en porter.

“Mais ton panier t’embarassera. Donne-le moi,

“Je te le porterai. Je veux passer par le chemin des pierres, et nous nous trouverons á la porte de ta grand’-mére.”

La petite lui donna le panier. Le loup courut pour аrriver le premier. Quand il fut á la porte, il frappe.

La grand’mére dit: qui est-ce?

“C’est votre petite fille qui vous vient voir.

“Que m’apportes-vu, ma petit?

“Du beurre et des fromages.

“Tire la bobinette et le loquat tombera.”

Le loup le fit, entra, et quand il fut dedans, referma la porte et tua la grand’mére. Il mit son sang dans un plat, sous la table, et sa chair dans le placard, quand il en assez mange. Puis il s’alla coucher dans le lit de la grand’mére.

La petite arriva, frappe comme lui, et le loup lui dit:

“Que m’apportes-tu, ma petit?

“Je vous apporte de épingles. Je vous apportais du beurre et des fromages; j’ai trouvé le loup qui me les a pris. J’avais peur qu’il me mange, et je le lui ai donnés.

“Tu as bien fait, ma petite».

“Grand’ mére, j’ai bien faim».

“ Ouvre le placard, tu truvera de la viande dans un plat et tu en mangeras”.

Et pendant qu’elle buvait, le loup lui dit: tu bois le sang de ta grand’ mére.

“Oh! grand’ mére, que dites-vous? Que je bois votre sang!«

“Non, je te dis que j’ai cent ans«.

“Grand’ mére, j’ai bien sommeil».

“Viens te coucher prés de moi”.

 Quand la petite fut dans le lit, elle trouva des jambs tout velues.

 “Grand’ mére, que vous avez les jambs velues?

 “C’est de vieillesse et de fatigue, J’ai tant trainé dans les bois et dans les terres.

 “Grand’ mére, que vous avez les ongles longs?

 “C’est de vieillesse», etc.

 “Grand’ mére, que vous avez les dents longues?

 “C’est pour te manger.”

Le loup mangea la petite et s’en alla content.

 Ainsi, quand vous trouverez par les chemin un homme qui voudra porter votre panier, vous ne l’ecouterez pas, mais vous ferez votre chemin, parce qu’il pourrat bien vous manger.

 

MÉLUSINE. RECUEL DE MYTHOLOGY, LITERATURE POPULAIRES, TRADITIONS & USAGES PUBLIÉ PAR H.GAIDOZ & E.ROLLAND, TOME III. PARIS, 1886-1887, COL.271352-354.Melusine, III, col.271-272.

Le petit Chaperon Rouge

Il y avait une fois petite qu’on appelait le Chaperon Rouge. Sa mére lui mit, dans son petit panier, un pot de beurre avec une galette et lui dit: Mignonne, va porter cela à ta grand.

Le petit Chaperon rouge se mit en route et en route rencontra le loup qui lui dit: “Petite, oú vas-tu?” – “Je vais chez ma grand porter un pot de beurre avec une galette.” – “Et quel chemin prendra-tu, le chemin des pierrettes ou le chemin des épingletttes?” – “Celui des épinglettes, je pourrai en ramasser.” – “Mais ton panier te genera; donne-le-moi, je te le porterai; je prendrai le chemin des pierrettes et nous nous retrouverons à la porte de ta grand.” Et le Chaperon rouge lui donne son panier et le loup part à grand course pour arriver premier.

 Quand il fut arrive: “Pan! Pan!” à la porte. – “Qui est là?” dit la grand. – “C’est moi, votre petite fille; je vous apporte un pot de beurre et de la gallette.” – Eh, bien hausse le loquat etpose tout cela sur la table.” Là-dessus le loup entra se jeta sur la grand et la dévora. Quand il rassasié, il mit ce qui restait dans l’armoire et le sang dans un plat sous ls table; puis il s’affubla de la coiffe de la vieille et s’alla coucher dans son lit.

Le pouvre Chaperon rouge à son tour vint frapper: “Pan! pan!” – “Qui est là?” – “C’est moi, votre petite, qui vous apporte des épinglettes.” – Eh! bien léve le loquat et tu les mettras sur la table.” – “Je vous apportais un pot de beurre et une gallette, mais j’ai rencontré le loup qui ma demandé mon panier; j’ai en peur d’étre mangée et je le lui ai donné.” – Et tu as bien fait, mignonne.”

“Oh! Ma grand j’ai une belle faim!” – “Tiens, ouvre l’armoire, tu trouverons de la viande, manges-en.” Et, comme la petite mangeait la viandasse, le loup disait: “Ho! la petite qui mange la chair, la chair de sa grand!” – “Que dites-vous, ma grand, que je mange votre chair?” – “He! non! Je te disais de te dépécher, de venir te coucher.

 “Oh! ma grand, j’ai une belle soif!” – “Tiens, bois dans ce plat plein de vin, sous la table.” – Comme elle buvait le loup disait: “Oh! La petite qui boit le sang, le sang de sa grand! Le sang de sa grand!” – “Mais que dites-vous, ma grand que je bois votre sang?” – “He! Non, je disait que j’aurai bientôt cent aus.”

 “Oh! Ma grand, j’ai une belle envie de dormer.” – “Eh! Bien viens te coucher tout contre moi.”

Quand le Chaperon rouge fut couché, il trouva dans le lit des jambes tout poilues. “Mon Dieu! Ma grand, vous avez bien du poil aux jambes!” – “C’est de vieilleuse, mon enfant!” – “Mon Dieu, ma grand, vous avez un bien gros parler!” – “C’est pour mieux me faire entendre, mon enfant!” – “Mon Dieu! ma grand, vous avez de bien grandes oreilles!” – “C’est pour mieux t’ecouter, mon enfant!” – “Mon Dieu! ma grand, vous bavez un bien gros nez!” – “C’est pour mieux te sentir, mon enfant!” – “Mon Dieu! ma grand, vous avez des yeux bien luisants!” – “C’est pour mieux te voir, mon enfant!” – “Mon Dieu! ma grand, vous avez des ongles bien longs!” – “C’est pour mieux te saisir, mon enfant!” – “Mon Dieu! ma grand, vous avez du bien longues dents!” – “C’est pour mieux te manger, mon enfant!”

Et, là-dessus, happ! Le loup la dévora.

Cette intéressante variant de conte bien connu de Perrault a été publiée en provençal par G. de M. dans Armana prouvençau per 1883, p.50-52. Il est regrettable que l’auteur ne nous dise pas oú? Quand et comment il l’a recueillie.

 

MÉLUSINE. RECUEL DE MYTHOLOGY, LITERATURE POPULAIRES, TRADITIONS & USAGES PUBLIÉ PAR H.GAIDOZ & E.ROLLAND, TOME III. PARIS, 1886-1887, COL.352-354.

Le petit Chaperon Rouge

Version de la Nievre.

Il était une fois une femme qui n’avait qu’un enfant, une petite fille bien sage et bien résolue. Chaque semaine, le jour oú elle cuisait son pain, elle faisait une époigne (l’époigne est un petit pain. – A.M.) et disait à l’enfant:

— Ma petite fille, tu vas porter l’époigne à ta grand’mére.

— Oui, maman, répondait la petit et elle s’en allait chez la grand’mére qui demeurait dans un village voisin.

Un jour qu’elle cheminait avec l’époigne dans son panier, elle rencontra, à la bifurcation de deux sentiers, un loup qui lui dit:

— Oú vas-tu, petite?

Elle fut d’abord saisie à la vue du loup, mais elle se rassura, car elle entendait les búcherons qui travaillaient dans le bois et elle répondit gentiment:

— Je vas porter l’époigne à ma grand’mére qui demeure dans la premiére maison du village là-bas.

— Par quel chemin veux-tu passer, celui des aiguilles ou celui des épingles?

— Par le chemin des épingles, que j’ai l’habitude de suivre.

— Eh bien! Bon voyage, petite!

Et tandis que l’enfant prenait le chemin des épingles, le loup partit à fond de train par celui des aiguilles, arriva chez la grand’mére, la surprit et la tua. Puis il versa le sang de la pauvre femme dans le boutelles du dressoire et mit sa chair dand un grand pot devant le feu. Aprés quoi, il se coucha dans le lit. Il venait de tirer le courtines et de s’envelopper dans la couverture, quand il entendit frapper à la porte:

C’etait la petite fille qui arrivait. Elle entra:

— Bonjour, grand’mére.

— Bonjour, mon enfant.

— Etes-vous donc malade, que vous restez au lit?

— Je suis un peu fatigue, mon enfant.

— J’apporte votre époigne; oú faut-il la mettre?

— Mets-la dans l’arche, mon enfant, chauffe-toi, prends de la viande dans le pot du vin dans une boutelle du dressoir, manges et bois et tu viendras te coucher dans mon lit.

La petite fille mangea et buit de bon appétit.

Le chat de la maison, passant la téte par la chatiére, disait:

— Tu manges la chair, tu bois le sang de ta grand, mon enfant!

— Entendez-vous, grand’ mére, ce que dit de chat?

— Prends un báton et chasse-le!

Mais á peine avait-il disparu que le jau (le coq. – A.M.[1]) vint dire à son tour:

— Tu manges la chair, tu bois le sang de ta grand, mon enfant!

— Grand’mére, entendez-vous le jau?

— Prends un baton et chasse-le… Et maintenant que tu as bu et mange, viens te coucher.

  L’enfant commença à se déshabiller. Elle quitta son devantier (tablier. – A.M.).

— Oú mettre mon devantier, grand’mére?

— Jette-le au feu; demain nous en achéterons un autre.

— Oú mettre ma robe?

— Jetta-la au feu… et viens vit te coucher.

La petite fille s’approcha du lit et s’y glissa.

— Ah! grand’mére, comme vous étes couverte de poils!

— C’est pour avoir plus chaud, mon enfant.

— Ces grand pattes que vous avez!

— C’est pour mieux marcher, mon enfant.

— Ces grandes oreilles!

— Ces pour mieux entendre.

— Ces grandes yeux!

— C’est pour mieux voir.

— Cette grand bouche!

— C’est pour mieux t’avaler!

Et, en même témps, le loup se jeta sur la pauvre petite fille et la dévora.

Conté par Marie Rougelot, femme Charlot, à Murlin, canton de la Charité (Nievre)

                                                                                        Achille Millien.

[1] Achille Millien. – ПБ.

 

MÉLUSINE. RECUEL DE MYTHOLOGY, LITERATURE POPULAIRES, TRADITIONS & USAGES PUBLIÉ PAR H.GAIDOZ & E.ROLLAND, TOME III. PARIS, 1886-1887, COL.397-398.

Le petit Chaperon Rouge

Version de la Haute-Bretagne.

Une petite fille allait porter des tourtelettes à sa grand’mére Jeannette, qui n’avait pas mangé depuis sept ans.

Elle rencontra un chien qui lui dit:

— Oú vas-tu?

— Porter un gateau à ma grand’mére Jeannette.

— Donne m’en un petit morceau à goúter.

— Non.

— Tu vas trouver un peu plus loin une bête plus grand que moi.

En continuant sa route, la petit fille vit venir un renard qui lui demanda à goúter ce qu’elle portait dans son panier; elle refusa et le renard lui annonça qu’elle ferait la rencontre d’une bête plus grosse que lui.

Auprés d’un bois, compére le loup se présenta à elle et lui dit:

— Oú vas-tu, mon enfant?

— Porter des tourtes et de tourtelettes à ma grand’mére Jeannette, qui n’en a pas mange depuis sept ans.

— Oú demeure-t-elle?

— Dans un village.

— Comment se nomin-t-il?

— Je ne sais pas, mais ou l’aperçoi d’ici.

— Va-tu par le chemin ou par les champs?

— Par les champs, parce que il a a moins de boue que dans la route.

Le loup arriva en courant à la maison oú demeurait la bonne femme; il la mangea et se mit dans le lit à sa place.

Quand la petite fille fut entrée, le loup lui dit en déguisant sa voix:

— As-tu froid?

— Oui.

— Prends du bois sous le lit et mets-le dans le foyer.

  — C’étaient les os du sa grand’mére.

— As-tu soif?

— Oui.

— Prends le vin qui est dans une écuelle sur la table.

Pendant que la petite fille buvait, un rouge-gorge perché sur un arbre pré de la porte chantant:

              Tu bois le sang de ta grand’mére, ma petite fille.

              Tu bois le sang de ta grand’mére.

— Apporte-moi aussi à boire, dit le loup.

En approchant du lit, la petite fille disait:

— C’est pour me garder du froid.

— Que vous avez de grandes oreilles?

— C’est pour mieux entendre.

— Que vos dents sont longues?

— C’est pour mieux te manger.

Et en disant à la, il l’avala.

(Conté en 1878 par Marie Huchet, d’Ercé)

Une autre version dit que la petite fille effrayée alla chercher du mond et qu’ils tuerent le loup. J’ai recueilli également dans l’Ille-et-Vilaine un autre conte qui figure sous le titre de: La Rat et la Ratesse, p.232-235 de ma Litterature orale de la Haute-Bretagne, Au debut les divers objets de la maison se réjouissent à la mort de rat, et la petit fille, qui joue le role de Petit Chaperon Rouge, demanda à une bonne femme que, de joie, va jeter sa pâte, de lui donner “un tourterin tourtere” pour sa grand’mére; elle rencontre aussi differents bêtes, don’t la dernier est le loup, qui, comme dans le conte de Perrault, finit par la croquer.                                                                   

                                                                            Paul Sébillot

 

MÉLUSINE. RECUEL DE MYTHOLOGY, LITERATURE POPULAIRES, TRADITIONS & USAGES PUBLIÉ PAR H.GAIDOZ & E.ROLLAND, TOME III. PARIS, 1886-1887, COL.428-429.

Le petit Chaperon Rouge

Nouvelle version de la Nievre 

Contè par François Briffault à Montiguy-aux-Amoques (Niévre). (Enregistré par) Achille Millieu.

La petite fille, portant a sa grand’mére un pain tout chaud et une boutelle de lait, rencontre le bzou (j’ai demandé au counteur: qu’appelez-vous le bzou? – C’est m’a-t-il dit comme le brou ou le gârou, on dit encore communément en Nivernais: loup brou ou loup-garou; mais je n’ai jamais entendu dire que dans ce conte: le bzou.), qui se hâte d’arriver chez la grand’mére pendant qu’elle s’amuse à ramasser des aiguilles. Les choses se passent comme dans la version que j’ai publiée précédemment (voir plus haut col. 352).

Cependant il n’est pás question deja; la chatte seule, accroupie à la gueule du four, dit à la petite: “Pue salope![1] Qui mange la chair et boit le sang de sa grand!”

Lorsque la petite désabillée, et entrée dans le lit à cóte du bzou, ces grands yeux, ces grands dents lui font peur. Pour se sauver, elle prétexte un besoine de sortir:

— Ma grand, j’ai besoin d’aller dehors.

— Non, reste ici, mon enfant.

— Ma grand, je suis malade, il faut que je sorte pour un moment.

Le bzou prit un fil de laine, l’attacha par un bout a un pied de l’enfant et garda l’autre extrémite.

— Va donc et rentre vite.

La petite fille quitta le lit, sortit de la chambre et attachant son fil au tronc d’un prunier, s’enfluit à tout jambs. Le bzou s’impatientai.

— Rentre vite, mon enfant… rentre ou je vas te quérir…

Il tirait le fil qui résista et ne se doutait pas dela ruse. Mais n’obtenant pas de reponse, il sauta à bas du lit, courut à la porte et se précipita fureux d’etre dupe, sur le traces de l’enfant.

De la croisée de chemins, il la reçut approchant deja de la maison de sa mère, et se mit à galloper comme un fou; la gueule ouvert, il allait la saisir quand elle posá la main sur loquet en criant: maman! – Et le bzou reprit sa course sans en demander davantage.

[1] Букв. воняет сука!

 

MÉLUSINE. RECUEL DE MYTHOLOGY, LITERATURE POPULAIRES, TRADITIONS & USAGES PUBLIÉ PAR H.GAIDOZ & E.ROLLAND, TOME VI. PARIS, 1886-1887, COL.237-238.

Le Petit Chaperon Rouge

Version de Valençay (Indre)

La mére du Chaperon Rouge lui dit: va chez ta grand’mére et porte lui:

                 Un pain, un levain, un raisin,

                 Et une pomme dans ton sein.

Départ. Rencontre du loup. Celui-ci prend les devants, croquet la grand’mére et prend sa place, après avoir mis le sang de la vieille dans une terrine et ses restes sur un plat.

Pan! pan! – qui est-lá? – c’est moi, grand’mére.

— Tire la bobinette,

   Chevillette cherra

Et la porte s’ouvrira.

Le Chaperon rouge entre. — Grand’mére, j’ai faim. – Mange, et bois mon, enfant, il y a de la viande et du vin sur la table. – Tandis que la petite mange, une voix mystérieuse lui chant:

Tu manges de ma titine (C’est-à-dire de ma tétine, de mes mamelles. – E.R.),

                     Ma fille

 Tu bois de mon bon sang,

                     Mon enfant.

— Grand’mére, qu’est-ce j’entendes!… (Ici une lacune).

Le Chaperon Rouge couché avec sa grand’mére, lui dit:

— Grand’mére, que vous avez de grandes oreilles!

— C’est pour mieux entendre, mon enfant.

— Grand’mére, que vous avez de grands yeux!

— C’est pour mieux voir, mon enfant.

— Grand’mére, que vous avez un grand nez!

— C’est pour mieux sentir, mon enfant!

— Grand’mére, que vous avez de grandes mains!

— C’est pour mieux te fouetter, mon enfant.

— Grand’mére, que vous avez de grands pieds!

— C’est mieux marcher, mon enfant.

— Grand’mére, que vous avez une grand bouche!

— C’est pour mieux te manger, mon enfant!

Lá-dessus, le loup la dévore.

                                                                E.R.

 

MÉLUSINE. RECUEL DE MYTHOLOGY, LITERATURE POPULAIRES, TRADITIONS & USAGES PUBLIÉ PAR H.GAIDOZ & E.ROLLAND, TOME IX. PARIS, 1898-1899, COL.90-91.

Le petit Chaperon Rouge

Version Tourangelle

L’heroine du conte s’apelle La petite Jeannette ou Fillon-Filette, comme qui dirait moitié fille, moitié garçon.

“Une fois il y avait une fillette en condition dans la compagne qui entendit parler que sa grand’mére était malade; elle se mit en chemin le lendemain pour l’aller voir: mais quand elle fut bien loin, à une croisée de chemin, elle ne savait pas lequel prendre. Elle y rencontra un homme bien laid, conduisant un truie et à qui elle demanda son chemin, lui disant qu’elle gauche, lui dit-il, c’est le meilleur et le plus court chemin, et vous serez vite rendue. La fillette y alla; mais le chemin était le plus long et le plus maivais elle mit longtemps pour arriver chez sa grand’mére et c’est avec beaucoup de peine qu’elle s’y rendit tres tard.

Pendant que la petite Jeannette était engage dans patouilles du maivais chemin, le villain homme, qui venait de la renseigner mal s’en alla à droite par le bon et court chemin, puis il arriva chez la grand’mére longtemps avant elle. Il tua la pauvre femme et il dêposa son sang dans la mette (huche) et se mit au lit. Quand la petit arriva chez sa grand’mére, elle frappe à la porte, ouvrit, entra et dit: Comment allez-vous, ma grand’mére? – Pas mieux, ma fille, répondit le vaurien d’un air plantif et contrefaisant sa voix; As-tu faim” – Oui, ma grand’mére, qu’y a-t-il à manger? – Il y a du sang dans la mette, prends la poёle et le fricasse, tu le mangeras. La petite obéit.

Pendant qu’elle fricassait le sang, elle entendait du haut de la cheminée, des voix comme de voix d’anges qui disaiet: Ah! La maudit petite fille qui fricassee le sang de sa grand’mére! – Qu’est-ce qui disent donc, ma grand’mére, ces voix qui chantent par la cheminée?

— Ne les écoute pas, ma fille, ce sont de petits oiseaux qui chantent leur langage; et la petite continuait toujours àfricasser le sang de sa grand’mére. Mais les voix recommencérent encore à chanter: Ah! La vilaine petite coquina qui fricassee le sang de sa grand’mére! Jeannette dit alors: Je n’ai pas faim, ma grand’mére, je ne veux pas manger de ce sang-là! He bien! Viens au lit, ma fille, viens au lit. Jeannette s’en alla au lit à côte de lui. Quand elle y fut, elle s’ecria: Ah! ma grand’mére, que vous avez de grands bras? – C’est pour mieux t’embrasser, ma fille, c’est pour mieux t’embrasser, ma fille, — Ah! ma grand’mére, que vous avez de grands jambs! – C’est pour mieux marcher, ma fille, c’est pour mieux marcher. – Ah! ma grand’mére, que vous avez de grands yeux? – C’est pour mieux te voir, ma fille, c’est pour mieux te voir. – Ah! ma grand’mére, que vous avez de grands dents? – C’est pour mieux manger, ma fille, c’est pour mieux manger.

Jeannette prit peur et dit: Ah! ma grand’mére, que j’ai grand envie de faire? – Fais au lit, ma fille, fau aut lit. – C’est bien sale, ma grand’mére! Si vous avez peur que je m’en aille, attachez-moi un brin de laine à la jambe, quand vous serez ennuyée que je sois dehors, vous le tirerez et vous verrez que que j’y suis, ça vous rassurera. – Tu as raison, ma fille, tu as raison. – Et le monster attacha un brin de lain à la jambe de Jeannette, puis il gards le bout dansa main. Quand la jeune fille fut dehors, elle rompit le brin de laine et s’en alla. Un moment après la fausse grand’ mére dit: As-tu fait, Jeannette, as-tu fait? Et les mémes voix des petits anges repondirent encore du haut de la cheminée: Pas encore, ma grand’mére, pas encore! Mais quand il y fut longremps ils dirent: C’est fini. Le monster tira le brin de lain, mais il n’y avait plus rien au bout.

Ce mauvais diable se leva tout en colére et monta sur sa grand truie qu’il avait mise au tet (tort) et il courut après la jeune fille pour la rattraper; il arriva à une riviere ou les laveuses lavaient la buie (buée). Il leur dit:

           Avez-vous un passer fillon filette avec un

           chien barbette (barbet) qui la suivette (suivait).

— Oui, répandirent les laveuses, nous avon étendu un drap sur l’eau de la riviere et elle a passé dessus. – Ah! dit le méchant, étendez-en donc un que je passe. Le laveuses tendirent un drap sur l’eau et le diable s’engagea avec sa truie qui enfonça assitôt; et il s’ecria: Lappe, lappe, lappe, ma grande truie, si tu ne lappes pas tout, nous nous noierons tout deux. Mais la truie n’a pas pu tout lapper, et le diable s’est noyé avec sa truie, et fillon filette fut sauvée.

 

MÉLUSINE. RECUEL DE MYTHOLOGY, LITERATURE POPULAIRES, TRADITIONS & USAGES PUBLIÉ PAR H.GAIDOZ & E.ROLLAND, TOME IX. PARIS, 1898-1899, COL.264.

Le petit Chaperon rouge

On racontait au petit Paul l’histoire du petit Chaperon-Rouge.

Avant d’entrer dans le coeur du drame, on lui avait fait une description des plus alléchantes de la fameuse galette que le petit Chaperon-Rouge porte à sa grand’mére bien beurrée, feuilletée, bien dorée, enfin, la reine des gallettes.

Quand on lui ont narré comme quoi le loup avait avalé le petit Chaperon-Rouge après avoir englouti la grand’mére, l’enfant semblait redoubler d’attention.

— C’est fini, lui dit la maman.

— Comme c’est fini?

— Sans doute.

— Et la gallette? qui est-ce qui a mangé la gallette?

Nous empruntons cette facetie au Petit Almonach de la Propaga de la Foi pour 1893. Celui-ci l’a sans doute copiee ailleurs, car rien ne voyage aussi aisement, sans passe-port et sans indications d’origine, que les anecdotes facetieuses. Nous citon celle-ci, parce qu’elle appartient au cycle du Petit Chaperon rouge.

 

 

LITTÉRATURE ORALE DE LA HAUTE-BRETAGNE PAR PAUL SÉBILLOT. PARIS, 1881, P. 223-225.

Les petits souliers rouges

Il était une fois une femme qui avait deux enfants: un petit garcon et une petite fille.

Elle avait une paire de petits souliers rouges que chacun des enfants voulait avoir.

La mére leur dit:

 – Allez tous les deux dans la forêt faire des fagots, et celui qui reviendra le premier aura les souliers rouges.

Quand ils furent arrives dans la forêt, le petit garcon, qui était déja grand, attacha sa sɶur au pied d’un arbre et se mit à faire ses fagots; quand il eut fini, il la détacha et arriva le premier à la maison.

Il demanda les souliers à sa mére, qui lui dit:

 – Prends-les; ils sont dans la huche.

Comme il se baissait pour les prendre, elle laisse tomber le couvercle sue sa tête et lui coupa le cou; puis elle le mit dans la marmite avec des choux pour faire de la soupe.

Quand la petite fille rentra, elle dit:

– Oú est mon petit frére, que je le voie avec ses souliers rouge?

– Il est dans le jardin, répondit la mére.

La petite fille y alla et revint sans avoir trouvé son frére.

Sa mére lui ordonna alors de souffler le feu pour faire bouillir la soupe.

Pendant que la petite fille soufflait, elle entendit sortir de la marmite une voix qui disait:

Petit feu, ma petite sɶur;

Petit feu, ma petite sɶur.

A la porte, un oiseau perché sur une branche de pommier chantant:

Tu cuis ton petit frére;

Tu cuis ton petit frére.                                                                                           .

Elle demanda à sa mére ce que cela voulait dire:

– Donne un coup de balai à oiseau, repondit-elle, et il va se taire.

L’oiseau s’enfuit; et guand la soupe fut faite, la mére envoya la petite fille dans la forêt porter à manger à son pére.

Elle rencontra sur son chemin la sainte Vierge qui lui dit:

– Ramasse tous les os que ton pére jettera autour de lui en mangeant, et apporte-les-moi. S’il en jette dans la riviére, tu iras aussi les chercher.

La petite fille recueillit précieusment tous les os que son pére jetait, et ceux qui étaient dans la riviére, elle alla les chercher sans se noyer. Alors la sainte Vierge rassembla les os et refit le petit frére.

(Conté par Jeanne Baȥul, de Trélivan.)

 

WALLONIA. RECUEIL DE LITTÉRATURE ORALE, CROYANCES & USAGES TRADITIONNELS FONDÉ PAR O.OLSON, JOS.DEFRECHEUX & G.WILLIAME. I. LIÉGE, 1893.

La fillette et le loup

Recueillie par Jean Marlin. Raconté à Liége par Étienne Demazy.

Une petite fille allait chez sa grand-maman qui demeurait dans un bois.

Le loup, qui l’avait vue passer, court plus vite qu’elle et va frapper à la porte de la maison: “Toc-toc.” – “Que voulez-vous?” – “N’auriez-vous pas des allumettes?”

 On le laisse entrez, il mange la grand-maman.

 Aha! Qué nouvèlle à ç’t heûre? 1

Quand la petite fille arrive, il la prend et la met dans un sac, puis il l’emporte au fond du bois pour la manger.

En chemin, il rencontre un homme qui pompait.

 “Gardez-moi un peu çà, je vais boire la goutte.”

 L’homme entend la petite fille qui pleurait.

 Il ouvre le sac. “Qu’avez-vous?”

 La petit fille conte l’affaire. “Ce n’est rien”, dit l’homme.

Il remplit d’eau le sac; la petite fille s’enfuit.

Le loup revient et charge le sac sur son dos.

 Chemin faisant, l’eau lui coulait dans les jambes. Croyant que c’etaient des larmes, le cruel animal dit: “Pleure, pleure, quand tu auras tout pleuré, tu ne pleureras plus….”.

Arrivé au fond du bois, il ouvre le sac et se met à jurer.

Puis il court de nouveau à la petite maison et demande des allumettes à la porte.

La petite fille ouvre; il la remet dans son sac et l’emporte.

Chemin faisant, il rencontre un bûcheron. “Gardez-moi un peu çà, je vais boire la goutte”.

Le bûcheron (sic! — PB), entendant pleurer la petite fille, ouvre le sac, et y met, à la place de l’enfant, un fagot d’épines.

Le loup revient et charge le sac sur son dos.

Chemin faisant, les épines le piquent. “Gratte, grate; quand tu aura tout grate, tu ne gratteras plus”.

 Arrivé au fond du bois, il ouvre le sac et jure mieux que jamais.

 Il retourne à la maison et demand à la porte des allumettes.

 La petite fille ouvre et le loup l’emporte de nouveau. Cette fois il ne s’arrête plus.

 Arrivé au fond du bois, il ouvre le sac et demande à la petite fille: “Comment donc fait-il faire pour te tuer?” – “Avez-vous une hache?” – “Oui”. – “Et bien! Mettez votre tête là, je vais vous montrer comment il faut faire”.

 La petite fille prend la hache et coupe la tête du loup.

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(1) [“Et bien, quelle nouvelle maintenant!” Expression wallonne don’t on souligne les passages palpitants d’ub récit, et don’t l’emploi frequent deviant une manie chez certains conteurs. Elle correspond assez exactement à ces paroles: “Ah, ha! Voila une belle affaire! Que va-t-il se passer mantenant?…” – N.D.L.R.]

 

AFFENSCHANZ ET CETERA. VARIANTS ORALES DE CONTES POPULAIRES FRANÇAIS ET ETRANGERS RECUEILLIES PAR CHARLES MARELLE. BRAUNSCHWEIG, 1888, P.39-43.

 La Véritable Histoire du Petit Chaperon d’or

Vous connaissez le conte du pauvre petit Chaperon Rouge Que le Loup trompa et mangea, avec sa galette, son petit pot de beurre et sa grand’mère; l’histoire veritable s’est passé tout différemment; on le se aujourdhui. Et d’abord, la petit fille s’appelait et s’appelle encore le petit Chaperon d’or; ensuite ce n’est pas elle, ni la bonne mère-grand, c’est le méchant loup qui fut, à la fin, attrapé et mange.

Ecoutez seulement.

L’histoire commence à peu près comme le conte.

Il y avait une fois une petite fille de champs, jolie et gentile comme une étoile au tempes. Elle se nommait de son vrai nom Blanchette, mais on l’appelait plutôt le petit Chaperon d’or, à cause d’un merveilleux petit capet couler d’or et de feu dont on la voyait toujours coiffé. C’etait sa grand’mère, une femme si ancienne du’elle ne savait plus son âge, dui lui avait donné ce petit chaperon; il devait lui porter Bonheur, car il était fait d’un rayon de soleil, disait-elle. Et comme la bonne vieille passait pour un peu sorcière, tout le monde croyait aussi le petit capet un peu ensorcelé.

Or il l’était effectivement, vous allez voir.

Un jour la mère dit à l’enfant: Voyons, mon p’tit Chap’ron d’or, sit u sais déja t’ conduire tout seul. Tu vas porter c’ bon morceau d’ galette à ta grand’maman pour se régaler d’main dimanche. Tu lui d’mand’ras comment elle va, et puis tu r’viendras tout d’ suite, sans t’arrêter à jaser en ch’min avec des gens du’ tu n’ connais point. T’entends bien?

J’entends bien, répondu gaiement Blachette. Et la voila partie avec la galette, et tout glorieuse dela commission.

Mais la gran’mère demeurait dans un autre village, et il fallait traverser un grand bois pour y arriver. Au tournant du chemin, sous la futaie, qui va là tout d’un coup?

Compère le Loup!

Il avait vu l’enfant partir seule, et le scélérat l’attendait pour la dévorer; lorsqu’au même moment il aperçut des bûcherons qui pouvaient le voir, et il se ravisa.

Au lieu de se jeter sur jeter sur Blanchette, il l’aborde en frétillant et faisant le bon chien.

C’est toi! Mon gentil p’tit Chaperon d’or, lui dit-il.

Et alors la petite fille s’arrêter pour causer avec le Loup, que pourtant elle ne connaissait point.

Tu m’ connais donc? Lui dit-elle. Et toi, comment t’apelle-tu?

J’ m’apelle compère le Loup. Et où vas-tu comme ça, ma belotte, avec ton p’tit panier au bras?

J’ vas chez ma grand’m’man, lui porter un bon morceau d’ galette pou’ s’règale d’main dimanche.

Et où’ s’ qu’elle demeure, ta grand’m’man?

Elle demeure d’ l’aut’ côté du bois, à la première maison du village, près du moulin à vent, tu sais bien.

Ah oui! J’ai sais maint’nant, dit le Loup. Et bien, j’ vas justement par là; j’y s’rai avant toi sans doute, avec tes p’tits jambettes, et j’ lui dirai qu’ tu viens la voir; alors elle t’attendra.

Là dessus le Loup coupe à travers bois, et en cinq minutes il arrive à la maison de la grand’mère.

Il frappe à la porte: toc, toc.

Point de réponse/

Il frappe plus fort.

Personne.

Alors il se dresse tout debout. Pèse de ses deux pattes de devant sur le loquat, e la porte s’ouvre.

Pas un chat dans la maison.

La vieille femme s’était levee de bonne heure pour aller vendre des herbes à la ville; et elle était partie tellement à la hate qu’elle avait laisse son lit défait, avec son grand bonnet de nuit sur l’oreiller.

Bon! Se dit alors le Loup, j’ sais c’ que j’ vas faire.

Il ferme la porte, enfonce le bonnet de la grand’ mère jusque sur ses yeux, puis il se couche tout de son long dans le lit, et tire les rideaux.

Cependant la bonne Blanchette continuait tranquillement son chemin à la manièr des petitesfilles, en s’amusant par-ci par-là à cueillir des pâquerettes, à épier les petitsoiseaux qui faisaient leur nids et à courir après les papillons qui voltigeaient au soleil.

Enfin elle arrive à la porte.

Toc, toc.

Qui qu’est là? Dit le loup, en adoucissant de son mieux sa grosse voix.

C’est moi. Vot’ petit Chaperon d’or. J’ vous apporte un bon morceau d’ galette pou’ vous régaler d’main dimanch.

Pèse avec ton doigt su’ l’loquet, et puis pousse, mon minet, dit le Loup.

Blanchette pèse avec son doigt sur le loquat, et la porte s’ouvre.

Vous êtes donc enrouée, grand’m’man? Dit-elle en entrant.

Heu! Un peu, un peu… répond le Loup en faisant seblant de tousser. Ferme bien la porte, mon p’tit agneau. Mets ton panier su’ la table, et puis ôte ta robe et viens t’ coucher près d’ moi; tu te r’poseras un brin.

La bonne petite se déshabille, — mais remarquez bien ceci! – elle garde en se couchant son petit chaperon sur sa tête … ,

Lorsqu’elle apercu dans le lit la figure que faisait sa grand’mère, la pauvrette s’étonna grandement.

Oh! S’écrie-t-elle, coe vous ressemble à compère le Loup, gran’maman!

C’est mon grand bonnet qui fait ça, mon enfant, répond le Loup.

Oh! Comme vous ave les bras velus, grand’maman!

C’est pour mieux te caresser, mon enfant.

Oh! Comme vous avez une grand langue, grand’maman!

C’est pour mieux répondre aux gens, mon enfant.

Oh! Comme vous avez des grands crocs blancs plein la bouche, grand’maman!

C’est pour croquer les p’tits enfants!

Et le Loup ouvre la gueule toute grande pour egloutir Blanchette …

Mais elle baisse la tête en appellant: Maman! Maman! Et le Loup n’attrape que son petit chaperon.

Aussitôt, aïe! aïe! Il recule en criant et secouant la mâchoire come s’il avait avalé des charbons ardents.

C’était le petit chaperon couler de feu qui lui avait brûlé la langue jusqu’au fond du gosier!

Le petit chaperon, vous le voyez, était un de ces capets, un de ces bonnets magiques comme on en avait au temps passé, dans les contes, pour se rendre invisible ou invulnerable.

Et voila le Loup, avec sa geuele brûlée, qui saute à bas du lit et qui cherche la porte en hurlant comme s’il avait à ses trousses tous les chiens de pays.

Juste en ce moment arrive la grand’mère, qui revenait de la ville avec son long sac sur l’épaule.

Ah, brigand! s’écrie-t-elle, attend un peu!

Vite, elle ouvre son sac tout grand en travers de la porte, et le Loup affolé pique dedans tête baissée.

C’est lui maintenant qui était pris, gobé comme une letter à la poste!

Car la brave vieille referme son sac, crac! Et elle court le vider dans le puits, oú le chenapan, toujours hurlant, dégringole et se noie.

Ah, gredin! Tu croyais ma p’tite fille! Eh bien, d’main nous lui f’rons d’ ta peu un manchon, et c’est toi qui sera * (* sic. – прим.собирателя. – ПБ) croqué, car nous donnerons ta carcasse à manger aux chiens.

Là-dessus, la grand’mère courut rhabiller la pauvre Blanchette, qui tremblait encore de peur dans le lit.

Eh bien! Lui dit-elle, sans mon p’tit chap’ron, où s’rai-tu à present, mignonne? …

Et pour redonner du coœr et des jambes à l’enfant, elle lui fit manger un bon morceau de sa galette et boire un bon petit coup de vin; après quoi elle la prit par la main et la reconduisit à la maison.

Et alors, qui gronda bien fort quand elle apprit comment tout s’était passé? Ce fut la maman.

Mais Blanchette promit et repromit si bien de ne jamais plus s’arrêter à écouter un loup, qu’enfin la maman pardonna.

Et Blanchette, le petit Chaperon d’or, a tenu parole. Et quand il fait beau temps, on peut la voir encore aujourd’hui aux champes avec son joli petit chaperon couler de soleil.

Mais pour cela il faut se lever matin.